Le Japon attire les voyageurs pour ses temples, ses villes futuristes et sa gastronomie raffinée. Mais il existe un autre visage, plus brut et authentique, qui se révèle dès qu’on chausse ses chaussures de marche. Le relief montagneux du pays, ses forêts anciennes, ses volcans actifs et ses sanctuaires perchés en font une terre rêvée pour les amateurs de randonnée. Chaque région offre des itinéraires adaptés, que l’on soit débutant en quête d’une balade tranquille ou passionné prêt à se lancer dans un trek de plusieurs semaines.
Un territoire modelé pour la marche
Le Japon est constitué à près de 70% de montagnes. Cette particularité géographique rend la nature omniprésente, même à proximité des grandes villes. Tokyo, Kyoto, Osaka ou Nagoya se trouvent toutes à quelques heures de train de sentiers où le béton disparaît pour laisser place aux torrents, cascades et panoramas dégagés. Les saisons accentuent encore la beauté des paysages. Au printemps, les cerisiers en fleurs transforment les vallées en un tableau délicat. En automne, les érables embrasent les collines de rouges et d’oranges. L’hiver apporte le silence de la neige, tandis que l’été révèle des prairies vertes et luxuriantes.
Les randonnées emblématiques du Japon
L’ascension du mont Fuji
Impossible de parler randonnée au Japon sans évoquer le mont Fuji. Symbole national, ce volcan majestueux culmine à 3 776 mètres. Chaque année, des millions de marcheurs tentent son ascension pendant la courte saison officielle qui s’étend de début juillet à début septembre. Partir de la cinquième station, déjà perchée à plus de 2 300 mètres, reste l’option la plus répandue. Mais ne t’y trompe pas : même en réduisant le dénivelé, la montée reste exigeante. Huit heures sont nécessaires pour atteindre le sommet, parfois dans la cohue. Certains choisissent de dormir dans un refuge de montagne pour admirer le lever du soleil depuis la cime, un moment gravé à vie dans la mémoire de ceux qui l’ont vécu.

Le pèlerinage de Kumano Kodo
Bien loin de l’ambiance sportive du Fuji, les sentiers du Kumano Kodo respirent la spiritualité. Ces chemins millénaires traversent la péninsule de Kii et relient trois sanctuaires majeurs. Autrefois réservés aux pèlerins, ils accueillent aujourd’hui randonneurs et voyageurs curieux. Compte environ cinq jours pour parcourir l’itinéraire traditionnel, mais il existe aussi des sections plus courtes adaptées à une simple excursion. Ce qui marque, c’est l’atmosphère : forêt dense, villages reculés, torii isolés dans la brume. On comprend vite pourquoi ce réseau est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le pèlerinage des 88 temples de Shikoku
Autre grande marche spirituelle : le « Shikoku Henro ». Ce pèlerinage s’étend sur près de 1 200 kilomètres et relie 88 temples disséminés sur toute l’île de Shikoku. Traditionnellement, les pèlerins accomplissent le parcours à pied en plus d’un mois. Mais il est tout à fait possible d’en suivre seulement une portion, ou de combiner train, bus et marche. L’expérience reste unique. On croise souvent des habitants offrant nourriture ou boissons aux marcheurs, une coutume appelée « osettai ». Ce chemin demande un réel effort, mais la sérénité qu’il apporte compense largement la fatigue.
Les montagnes et vallées mythiques
Les Alpes japonaises
Au centre de l’île principale, Honshu, s’étend une imposante chaîne montagneuse surnommée les Alpes japonaises. Divisées en trois massifs, elles couvrent une vaste zone ponctuée de pics à plus de 3 000 mètres. Ici, les randonnées prennent des formes multiples : ascensions techniques, promenades dans les vallées, itinéraires de plusieurs jours avec nuitées en refuge. La région de Nagano sert souvent de camp de base. Les monts Hida, au nord, sont réputés pour leurs panoramas alpins, tandis que les monts Akaishi au sud offrent des paysages plus tempérés. C’est l’endroit idéal pour goûter à une véritable immersion en montagne, loin des foules des sites plus touristiques.

Kamikochi et ses singes
La vallée de Kamikochi, au nord des Alpes japonaises, est l’une de mes plus belles découvertes. Imagine un tapis de prairies entouré de sommets acérés, parcouru par une rivière translucide. Des sentiers accessibles sillonnent cette réserve naturelle où vivent des macaques japonais en liberté. On peut y passer une simple journée ou prolonger l’expérience en dormant dans un lodge de montagne. En automne, les érables rouges et jaunes font de la vallée un lieu presque irréel.
Le parc national de Daisetsuzan
Cap sur Hokkaido, l’île la plus septentrionale, pour découvrir le parc national de Daisetsuzan. C’est le plus vaste du pays, dominé par le mont Asahi, point culminant de l’île. L’été, on y trouve une multitude de fleurs alpines et des itinéraires adaptés aux randonneurs expérimentés comme aux simples promeneurs. L’hiver, le paysage se métamorphose en paradis pour skieurs et amateurs de neige. Et cerise sur le gâteau : la région est parsemée de sources chaudes où se détendre après une marche exigeante.
Quand la randonnée devient aventure
Au Japon, certains lieux exigent un esprit aventurier. Yakushima, petite île du sud, en est un parfait exemple. Classée au patrimoine mondial, elle est couverte de forêts primaires de cèdres millénaires. Les troncs démesurés, les mousses épaisses et les torrents en cascade donnent l’impression d’évoluer dans un décor de film fantastique. Les plus sportifs s’attaqueront au mont Miyanoura, point culminant de l’île, mais de simples balades permettent déjà de goûter à cette atmosphère unique.
Plus au nord, la péninsule de Shiretoko sur Hokkaido est une autre terre sauvage. On y croise parfois des ours bruns, ce qui impose de rester vigilant. Les randonneurs viennent surtout admirer les lacs Shiretoko Goko ou grimper jusqu’au mont Rausu. Ici, la nature est brute, les sentiers parfois exigeants, mais la récompense se lit dans chaque paysage, entre cascades, glaciers côtiers et forêts épaisses.
Les randonnées accessibles en une journée
Tout le monde n’a pas le temps ni l’envie de partir plusieurs jours. Heureusement, le Japon regorge de randonnées faciles d’accès depuis les grandes villes. Autour de Tokyo, le mont Takao est le favori des citadins. Huit sentiers mènent à son sommet, où l’on peut déguster un repas en terrasse ou profiter d’un onsen. Plus loin, le mont Mitake séduit par ses forêts et ses gorges. Nikko, avec ses temples colorés et son lac Chuzenji, offre aussi de belles balades.
Du côté de Kyoto, impossible de manquer le sanctuaire de Fushimi Inari Taisha et ses milliers de torii vermillon qui montent jusqu’au sommet du mont Inari. La randonnée est courte, mais marquante par son ambiance mystique. Non loin, les villages de Kurama et Kibune réservent un charme discret, parfait pour une demi-journée hors de la foule.

Précautions et conseils pratiques
Randonner au Japon nécessite quelques précautions spécifiques. Dans les régions de montagne, les ours sont une réalité. Les Japonais accrochent souvent une petite cloche à leur sac pour signaler leur présence et éviter une mauvaise rencontre. Les frelons géants, appelés « suzumebachi », représentent un autre danger : mieux vaut rester prudent près de leurs nids. Enfin, l’hébergement en montagne est limité, surtout sur les sentiers populaires comme le mont Fuji. Réserver en avance évite bien des désagréments.
Un autre conseil : toujours vérifier les conditions avant de partir, surtout sur les volcans actifs comme le mont Aso. La météo change vite, et certains itinéraires peuvent être fermés pour raisons de sécurité. Enfin, équipe-toi correctement, même pour des marches de quelques heures : au Japon comme ailleurs, la montagne ne pardonne pas l’imprudence.
Un pays qui se dévoile pas à pas
La randonnée au Japon ne se résume pas à l’effort physique. Elle permet de pénétrer dans l’âme du pays, de découvrir des sanctuaires isolés, de croiser des villages oubliés et d’admirer une nature préservée. Chaque pas rapproche d’une compréhension plus intime du Japon, loin des clichés urbains. Et à la fin, que tu aies gravi le Fuji, traversé la vallée de Kamikochi ou simplement flâné sur un sentier boisé près de Kyoto, tu garderas la même impression : celle d’avoir touché à une beauté à la fois fragile et éternelle.
Sources : Office National du Tourisme Japonais, Guide Voyage Japon et Asie